Dans la bouche de nos jeunes (et parfois des moins jeunes !), cette phrase revient régulièrement.
“Oui, mais Madame, ça va là, c’était juste pour rigoler !”
Parfois pour expliquer.
Parfois pour se dédouaner.
Comment faire prendre conscience de l’impact de nos mots, et de nos actions, sur l’autre ?
Que ce qui est rigolo pour toi, ne l’est pas forcément pour l’autre.
Que l’intention et l’énergie qui portent les mots, n’est pas forcément perçue et reçue comme telle.
Comment amener cela, sans braquer le jeune en face ?
Et comment faire avec le masque social de celui qui est impacté par la blague ?
_ Non, non, c’est bon, ça va
_ Ok mais est ce que ça te convient, à toi, quand il.elle fait/dit cela de toi ?
_ Pas vraiment, mais ça va
Le fameux « ça va »
Qui veut tout et rien dire à la fois…
“ Ca va aller, je ne vais pas m’effondrer”
“ Si je parle, je risque le retour de bâton à la prochaine récré/sortie “
Ou encore, à demi-mots : “ça n’est pas tout à fait ok pour moi (voire pas du tout) mais je ne sais pas le dire”
Que fait-on avec cela ?
Ce n’est pas si simple d’avoir la « bonne » réaction…
Tout simplement parce qu’il n’y en a pas une bonne, et une mauvaise.
Il y a des circonstances, des contextes, des situations différentes.
Ce qui est certain, c’est que passer sous silence n’invite pas au changement.
Et ce n’est pas si simple d’oser.
Oser poser des mots, oser remarquer, agir, ne pas laisser dans l’ombre les choses que nous percevons, sentons, voyons.
Alors dans cet atelier, nous avons posé des mots.
Refait le film d’un échange mal perçu.
Posé la question des ressentis de chacun.
Pour tenter d’apporter éclairage et compréhension de part et d’autre.
Ce n’est pas miraculeux, et il n’existe pas de baguette magique.
Il est possible que dans un prochain atelier, nous ayons à faire face à des échanges semblables,
Qu’il sera bon de décortiquer à nouveau,
Pour amener, pas après pas, des prises de conscience,
Créer des habitudes différentes, des changements parfois subtils, dans les relations entre pairs qui se créent à l’adolescence.
Parfois, ces moments nous invitent aussi, nous adultes, à revisiter nos propres façons de “rigoler”.
À interroger nos blagues, nos réflexes d’humour pour désamorcer, nos petites piques que l’on pense légères… et qui peuvent toucher.
À écouter sincèrement la gêne, le rire jaune, le regard qui se détourne.
Car apprendre à poser ses limites, c’est aussi apprendre à recevoir celles des autres, même si cela nous bouscule.
Et si c’était cela, grandir ensemble ?
Apprendre à rire sans blesser.
Apprendre à parler quand ça pique.
Apprendre à s’excuser quand on dépasse, sans s’effondrer.
Le chemin est long.
Sa valeur inestimable.